Ma mère était abonnée à la revue Sélection Reader Digest. Il y a quelques années je me suis abonné, un peu par nostalgie, mais aussi pour être connecté au contenu d’une publication qui veut parler du quotidien des gens. Bref, chaque mois, je reçois cette petite revue. Je m’attarde à la section MATIÈRE À RÉFLEXION. Au retour d’une conférence dans le cadre de la COP15, je retrouve dans le numéro d’avril 2022 une citation de Louis Cornelier chroniqueur au Devoir. « Former des gens pour soutenir la croissance économique est peut-être une bonne chose, mais les former pour qu’ils soient aussi capables de se demander si cette croissance est saine et profitable à tous s’impose avec la même nécessité pour éviter la dérive vers ce que *Bernanos appelait une société de robots. »
D’aucuns considèrent que la bataille pour freiner le développement du port de Contrecoeur est perdue d’avance. Au contraire, les discussions à la COP15 nous invitent à continuer à questionner ce projet. Toutefois, ce n’est pas uniquement aux militants environnementaux, aux acteurs économiques, aux politiciens de prendre la parole sur des projets d’infrastructures majeures. Il est nécessaire et urgent que les citoyens s'impliquent afin de débattre collectivement de ce qui est sous-jacent à ces projets (vision économique, protection des milieux naturels, qualité de vie des citoyens).
Il est scandalisant d'assister aux campagnes d’écoblanchiment (greenwashing) des entreprises et des gouvernements dans un but d'avoir une image écologique. Ces campagnes visent à nous faire croire que les sables bitumineux pourraient être bons pour la planète, que conduire des VUS nous rapproche de la nature ou encore qu'habiter près d'un gros port serait positif pour la qualité de vie. Pour moi un débat signifie nommer les intérêts de toutes les parties et de donner à tous les moyens économiques d’agir. Je suis inquiet du consensus en faveur du projet de port de la part des acteurs économiques, des dirigeants de tous les paliers municipaux, des gouvernements fédéral et provincial ainsi que des partis politiques. Pourtant, des organismes environnementaux et citoyens ont émis des avis défavorables ou conditionnels à ce projet. Reste à savoir s'ils ont été entendus ou plutôt, s'ils ont eu les moyens pour se faire entendre?
30 octobre 2021 CHRONIQUE https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/643548/chronique-philo-pour-tous