Économie contre environnementLe gouvernement fédéral a entrepris cette semaine des procédures en vue de mieux protéger l’habitat du caribou forestier. Même s’il reconnaît que le déclin de cette espèce menacée est dû à l’activité humaine, le ministre de l’Environnement Benoit Charette dénonce « une démarche irresponsable qui ne prend pas en compte la réalité des régions et qui va mettre à mal des régions dont la foresterie est la principale activité économique. » Au-delà des querelles entre Québec et Ottawa, force est de constater que le gouvernement caquiste s’entête à considérer les mesures de protection de l’environnement comme un frein à l’activité économique.
Posons le problème autrement: c’est en reconnaissant l’incompatibilité du développement économique capitaliste, axé sur la croissance, et de la préservation des écosystèmes que l’on peut réfléchir à une organisation de l’économie qui répondrait aux besoins humains tout en respectant les limites planétaires. Autrement dit, il faut pour dépasser l’opposition entre ces deux termes intégrer les contraintes écologiques dans notre manière de penser l’économie. Concrètement, cela implique de planifier avec les industries comme la foresterie une transformation de leurs pratiques pour les rendre soutenables sur le plan environnemental.
C’est ainsi qu’on peut espérer renverser – ou du moins freiner – la crise écologique en cours et remédier à ses conséquences tant sociales qu’économiques. Selon un rapport de l’Institut climatique du Canada paru en 2020, les catastrophes naturelles, qui sont accentuées par les perturbations du climat, ont engendré en moyenne dans la dernière décennie des coûts équivalant à entre 5% et 6% de la hausse annuelle du PIB canadien.
Un sondage mené pour le compte du Programme des Nations unies pour le développement révèle qu’une majorité de gens à travers la planète souhaite que leur gouvernement en fasse davantage pour lutter contre les changements climatiques. Rien d’étonnant considérant que les citoyen·ne·s en subissent périodiquement les conséquences (pensons à la petite communauté de Churchill Falls, au Labrador, qui a dû être évacuée cette semaine en raison des feux de forêt). Le ministre Charette en tiendra-t-il compte?
Photo: Ryan Hodnett (Wikipédia)